4 jours à Memphis, ville de la musique
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Le Carnet
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En 1492, Christophe Colomb, pensant être arrivé aux Indes orientales, découvre le « Nouveau Monde » et ses habitants, qu’il nomme injustement « indiens ». Il existe depuis beaucoup de noms pour les désigner : « amérindiens », « autochtones », « aborigènes », « peaux rouges » etc.
Mais les quelques noms qui conviennent réellement pour les désigner avec respect sont « indigènes », « Native Americans », « First Peoples », « First Nations » ou directement par le nom de leur tribu : « Cherokee », « Navajo », « Pueblo », « Cheyennes », « Sioux », « Iroquois », « Creek » et bien d’autres.
Avant l’arrivée des colons européens, les Native Americans ont prospéré sur le continent pendant des milliers d’années. Leur présence remonte au Paléolithique sur la totalité du continent américain Nord et Sud ainsi que dans les Caraïbes. Leur mode de vie ancestral, basé sur la spiritualité et la communion avec la nature était respectueux de l’environnement et du vivant.
Leur organisation sociale et leur mode de vie prirent fin lors de la colonisation européenne, un événement déterminant et dramatique pour tous les peuples Native Americans. Lorsqu’ils ne sont pas chassés de leurs territoires ou tués, ils sont réduits en servitude ou sont emportés par des maladies apportées par les colons.
Avec l’avancée de colonisation, ils perdirent la majorité de leur territoire, furent contraints d’intégrer des réserves et leur situation démographique, sociale et économique ne cessa de se dégrader. De nombreux peuples et tribus disparurent à partir du XVe siècle. Pendant des centaines d’années, les pow-wows furent interdits, les First Peoples ne furent plus autorisés à pratiquer leurs chants, danses ou rites traditionnels. Certains enfants furent retirés de leur famille et placés dans des « residential schools » qui avaient pour but de « tuer la culture indigène chez l’enfant ».
Depuis les années 1970, la communauté Native Americans connaît un faible renouveau : leur population se renouvelle et croît, leur pauvreté recule lentement, les traditions et l’expression de leur culture revivent.
Aujourd’hui, sur le territoire des Etats-Unis, il reste 573 tribus et villages Native Americans reconnus par le gouvernement fédéral des États-Unis. Chaque nation et tribu possède sa propre culture, sa langue, ses traditions uniques et des styles distincts de logement, de vêtements et de nourriture. Les Native Americans ne sont plus persécutés mais peinent toujours à rendre visible leur présence et leur culture.
Les tribus reconnues par le gouvernement fédéral varient en population et en territoire, mais toutes sont considérées comme des nations souveraines et entretiennent une relation spécifique de nation à nation avec les États-Unis.
On trouve certains lieux, gérés par les tribus elles-mêmes, qui préservent et présentent la culture indigène mais il faut bien avouer que très peu de lieux institutionnels ou reconnus racontent leur histoire tragique. De nombreuses réserves ont été rendues ou sont gérées par les tribus qui y vivent. Parmi les réserves vous trouverez Antelope Canyon, le Canyon de Chelly National Monument, la Réserve des Blackfeet aux lacs étincelants et aux troupeaux de bisons ou encore la réserve des tribus séminoles : Big Cypress National Preserve en plein coeur des Everglades de Floride.
Pour les touristes comme pour les américains, il est compliqué de démêler le vrai du faux de ce qu’il s’est réellement passé entre les First Nations et les colons comme si tout était fait pour éviter de ressasser ce pan de l’histoire du pays.
Retracer le passé des tribus est aussi un véritable défi pour les historiens car leur culture repose principalement sur la transmission orale. Pour reconstituer l’histoire des First Nations, il faut croiser les sources archéologiques et artistiques.
Pour combler le manque et les erreurs des derniers siècles, des efforts sont de plus en plus déployés pour rendre hommage, visibilité et droits fondamentaux aux Native Americans. Des mesures de conservation du patrimoine que l’on peut retrouver à travers les Etats-Unis, dans des lieux naturels protégés ou des villes à l’héritage important.
En ce qui concerne les sources archéologiques, on en trouve un certain nombre au Nouveau-Mexique et au Montana : des pétroglyphes, sculptures à même la roche ou des peintures de la vie quotidienne sur des peaux d’animaux.
Toujours au Nouveau Mexique, on trouve 19 tribus. Chaque pueblo est une nation souveraine. Ils préservent leur identité, valorisent leur identité et leurs modes de vie traditionnels tout en vivant dans des maisons modernes, travaillant et vivant à la fois dans et hors des terres « qu’ils leur ont été donné ».
Les croyances et les actions de Pueblo sont toujours guidées par les valeurs fondamentales de Pueblo, qui incluent l’amour, le respect, la compassion, la foi, la compréhension, la spiritualité, l’équilibre, la paix et l’empathie. Les célébrations et les cérémonies se poursuivent tout au long de l’année, maintenant le lien avec les communautés Pueblo, les ancêtres et la Terre.
Découvrez Taos Pueblo, inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité, ce petit village à l’ombre des montagnes Sangre de Cristo s’ouvre aux touristes. Habité en continu par la tribu des Taos depuis plus de 1 000 ans, il s’agit d’un lieu sacré dont on doit respecter les règles.
À l’origine, les pow-wows étaient l’occasion pour les différentes tribus de se réunir, de partager leurs traditions propres, de s’affronter pacifiquement lors de concours et de trouver des terrains d’entente pour les conflits en cours. Aujourd’hui, les pow-wows ont pour but de visibiliser la communauté Native Americans et apprendre et comprendre leur culture.
Il existe de nombreux pow-wows à différents moments de l’année, surtout dans le Grand Ouest Américain. Considéré comme le plus vaste pow-wow de l’Amérique du Nord, le Gathering of Nations (le Rassemblement des nations) prend place tous les ans à Albuquerque, la capitale de l’état du Nouveau Mexique. Il attire des milliers d’indigènes représentant des centaines de tribus pour célébrer et promouvoir le patrimoine culturel Native American. Les visiteurs peuvent assister à des manifestations traditionnelles : concours de chant, de danse et de percussion qui regroupent plus de 500 tribus nord-américaines. C’est l’occasion de soutenir les populations des tribus en achetant leurs artisanats : des peintures, des poteries et des bijoux turquoise et savourer des plats traditionnels.
Dans le Dakota du Nord, à Bismarck, l’United Tribes International Powwow rassemble des centaines de Native Americans. Sur trois jours, des milliers de visiteurs sont invités à découvrir les cultures remarquables des peuples indigènes autour de danses, percussions, chants et artisanat traditionnels.
La danse est un art universel des tribus amérindiennes. Bien qu’une tribu puisse avoir un style de danse qui lui est propre, presque toutes les tribus ont en commun un grand nombre de types de danses. Transmises de génération en génération, ces danses sont souvent un moyen de partager des récits. Certaines danses et certains chants servent de prière avant la chasse ou la bataille, pour implorer les esprits d’une issue heureuse. D’autres danses, comme la danse de la pluie ou celle du soleil, demandaient aux esprits d’intervenir sur le temps.
Dans l’Ouest Américain, on retrouve régulièrement les vestiges des habitations de la tribu ancestrale des Pueblos. Pour visiter les plus connus, rendez-vous à Mesa Verde National Park, à Chaco Culture Historical Park, à Aztec Ruins National Monument ou encore au Canyon de Chelly National Monument, des terres sacrées gérées et protégées par l’U.S. National Park Service mais appartenant à la tribu Navajo.
Il n’y a pas que le Nouveau Mexique qui est la terre des Native Americans, tous les Etats-Unis le sont. Particulièrement le Montana où l’on trouve aussi bien des traces de leurs traditions culturelles que des lieux historiques majeurs. Faites un stop à Little Bighorn Battlefield National Monument, le lieu de l’une des principales guerres entre Native Americans et colons européens. Elle est connue comme la guerre des Black Hills ou comme la guerre des Sioux. Elle opposa la coalition des indiens Cheyennes et Sioux menée par le très célèbre chef indien Sitting Bull à l’armée du lieutenant-colonel Custer.
Rendez-vous aussi à First Peoples Buffalo Jump State Park, l’un des plus grands précipices à bisons des USA. Aujourd’hui c’est un site archéologique important mais pendant près de deux mille ans, les indigènes utilisaient ce site pour chasser et abattre les bisons des hautes plaines.
À Washington DC, le National Museum of the American Indian participe à cet effort de réhabilitation de l’héritage des First Nations. Plus grand musée américain dédié au patrimoine Native American, il retrace près de 12 000 ans d’histoire à travers plus de 1 200 cultures indigènes, leurs religions, cérémonies traditionnelles et quête d’identité. La découverte est enrichie par des festivals culturels, des concerts et le restaurant du musée qui propose des spécialités Native Americans provenant de toutes les Amériques, telles que des tortillas ou des burgers de bison.
La compréhension du mode de vie des Native Americans passe aussi par la découverte de lieux naturels qu’ils considéraient comme sacrés. C’est le cas de Havasupai Falls, farouchement préservée du tourisme de masse par les tribus qui gère cette réserve. Il faudra fournir un véritable effort physique pour vous y rendre car le site est accessible seulement à pied, au prix d’une randonnée de 32km. Le lieu est d’une beauté sans égale et la spiritualité qui s’en dégage appelle au respect et à l’humilité. À l’entrée du village, deux énormes rochers surnommés Wigleeva tiennent comme par magie en équilibre. Selon la légende indienne, ils sont les gardiens des lieux et assurent prospérité aux habitants.
Dans la catégorie des lieux sacrés pour les Native Americans, on fait difficilement mieux que Shiprock, aussi l’un des paysages les plus saisissants du Far West. Cette majestueuse formation rocheuse, baptisée Tsé Bit’ A’í « la roche avec des ailes » est considérée par les indigènes comme un grand oiseau qui a transporté leurs ancêtres de leurs terres ancestrales jusqu’au Nouveau Mexique.
Si vous ne connaissez pas encore Sedona, sachez que c’est un lieu vraiment à part de cette planète. À la fois « ville New Age » et paysage naturel spectaculaire, Sedona attire aujourd’hui des millions de visiteurs venus du monde entier pour bénéficier de ces soit disant vortex énergétiques. Si hippies, yogis, adeptes de la médecine parallèle, initiés ou curieux y accourent depuis les années 70, cette croyance dans les vortex énergétiques n’est pas nouvelle. Les Native Americans qui vivaient dans la vallée ont eux aussi ressenti ses phénomènes et y pratiquaient des rites et des prières, qu’ils considéraient, montés vers le ciel grâce aux tourbillons d’énergies.
Le Dakota du Sud est la terre des tribus sioux Lakota, Nakota et Dakota et fut le théâtre de beaucoup d’événements tragiques pour les First Peoples. En hommage aux First Nations et en opposition au Mount Rushmore situé à quelques kilomètres, une autre gigantesque sculpture prend forme dans la roche des Black Hills. Entamée en 1948, elle représentera, une fois terminée, Crazy Horse légendaire guerrier du clan Oglala de la tribu des Lakotas chevauchant son cheval et adressant un signe en direction des terres de son peuple. Certains la surnomme déjà la huitième merveille du monde.
Selon les peuples, certains lieux ont des significations particulières. C’est le cas de Devils Tower dans l’état du Wyoming. La légende Sioux raconte que deux garçons furent pourchassés par un ours géant du nom de Mato. Ils montèrent en haut d’un rocher et prièrent le créateur Wakan Tanka. Celui-ci répondit à leur prière et leur sauva la vie en faisant pousser de terre le rocher qui devint une montagne. L’ours, en tombant du rocher laissa ces traces de griffes sur la Devil’s Tower. Enfin les enfants purent regagner la plaine grâce à un aigle nommé Wanblee tandis que l’ours s’en alla boudé à Bear Butte.
La tribu Cheyenne a une version différente de l’histoire, beaucoup plus sombre, selon laquelle un groupe de jeunes filles furent assassinées par le même ours. Deux jeunes filles s’en sortir en grimpant au rocher et grâce à deux jeunes garçons qui tirèrent des flèches sous la patte de l’ours, le seul endroit vulnérable de l’ours. Ce dernier épuisé par le combat décida de s’en aller, après avoir laissé des marques de griffes sur le rocher.
En Oklahoma, visitez le Cherokee Heritage Center qui abrite sur 18 hectares, le centre de préservation du patrimoine Cherokee. Assistez à des démonstrations de fabrications artisanales, écoutez les récits de la vie quotidienne, visitez la reconstitution d’un village rural cherokee et l’exposition dédiée au déplacement forcé de la tribu de ses terres ancestrales dans les années 1830 vers ce qui est aujourd’hui l’Oklahoma.
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